07 janvier 2019
Et si, finalement, se dessinait autour des loisirs intergénérationnels les services à la personne de demain ? Explications.
Des chiffres et études le prouvent, partager un loisir ou une activité intergénérationnelle est 100% gagnant-gagnant. Les différentes générations se rencontrent, échangent et partagent des moments agréables autour d’une activité fédératrice, qu’ils apprécient et qui les rassemble (jeux de société, lecture, musique, jeux de cartes…)
Les services à la personne (SAP) constituent un secteur d'activité et des métiers à part entière. Utilisés ponctuellement par plus de la moitié des Français, ils pourraient être requis demain par la quasi-totalité de la population, ce qui démontre qu'ils peuvent potentiellement répondre à des attentes très diversifiées et toujours plus importantes.
Pourtant, les services à la personne font face à une forte sinistralité en termes de santé au travail ainsi qu’à un déficit d’attractivité et de fidélisation de ses salariés qui ne sont pas sans conséquence sur la qualité des prestations proposées aux bénéficiaires. L’amélioration des conditions de travail constitue donc un enjeu majeur afin de répondre aux enjeux sociétaux.
Face à ces activités, aussi nombreuses et diversifiées qu’évolutives, le partage de loisirs créatifs et intergénérationnels, comme ceux proposés par Les Amis d’Hubert, pourrait constituer une forme de « service à la personne nouvelle génération ».
Il s’agit d’ailleurs déjà pour les familles d’une solution de relais ponctuel et de confiance, flexible et instantanée.
Il y a, dans cette activité, un important potentiel. Formidables occasions de partager, les loisirs entre générations permettent de recréer du lien et deviennent incontournables dans l’organisation des nouveaux services aux seniors. Bien sûr les loisirs ne remplacent pas les employés de ménage, les assistants informatiques ou encore les aides médico-psychologiques, mais en faisant venir à son domicile des intervenants de confiance à l’occasion d’une activité divertissante, les personnes âgées qui ne peuvent peu ou plus sortir de chez elles font des rencontres sympathiques et rafraîchissantes à la maison. Un aspect parfois négligé avec l’âge, la maladie ou le handicap, lorsque les cercles relationnels se réduisent voire tendent à disparaître.
En effet, une récente étude de la Fondation de France et du Crédoc, explique que 62% des personnes handicapées ou malades et isolées déclarent que leur handicap ou leur maladie a des incidences négatives sur leurs sorties quotidiennes. Cette situation les oblige à renoncer à créer ou entretenir une vie sociale, alors même que des jeunes peuvent se rendre à leur domicile pour partager un moment convivial.
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La perte d’autonomie ou le handicap ont évidemment un impact lourd sur les facteurs qui favorisent l’isolement. « L’isolement exacerbe les sentiments négatifs des personnes (…) Tous les pans de leur quotidien sont touchés. Elles ont une mauvaise estime d’elles-mêmes, ce qui impacte leur vie (…) et le lien qu’elles entretiennent avec leur entourage. C’est un cercle vicieux à combattre », décrypte Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France à l’occasion de cette étude.
Partager une activité intergénérationnelle autour du loisir est une solution pour pallier cette solitude. Elle comporte d’ailleurs son lot d’avantages, aussi bien pour le bénéficiaire que pour l’intervenant. Les aînés, en partageant leurs expériences de vie, leur vécu… s’expriment et sont valorisés à leur juste valeur.
Pour les intervenants, c’est la possibilité de réaliser une activité porteuse de sens, de faire des rencontres qu’ils n’auraient pas eu l’occasion de faire autrement tout en bénéficiant d’un petit complément de revenus. Il y a tant à apprendre de nos aînés. Les jeunes sont d’ailleurs les premiers à le penser puisqu’ils sont 82% de moins 35 ans à souhaiter pouvoir discuter avec une personne centenaire pour qu’elle leur raconte certaines périodes de sa vie (chiffres : Baromètre Fondation Korian).
Comme l’explique Serge Guérin : « Les générations ont besoin l’une de l’autre pour exister et, sans elles, le monde n’existerait pas. L’enjeu est de faire vivre ce lien car une société où les gens resteraient dans leur coin ne serait pas une société (…) les enquêtes, les sondages, les études montrent que l’acceptation intergénérationnelle n’a jamais été aussi forte et aussi choisie qu’actuellement, et que les jeunes, par ailleurs très critiques y compris sur les plus âgés, ne remettent pas en cause le fait qu’ils leur doivent quelque chose ».
Partant de ce constat, force est de constater que les loisirs culturels ou divertissants représentent une formidable opportunité pour notre société, d’autant plus que pour les seniors, la culture exprime des valeurs simples, positives et fondamentales, et tient une place prépondérante dans leur vie. En effet, 69% d’entre eux estiment qu’elle est « importante » dans leur quotidien et 19% la jugent même « très importante » (étude Domitys).
« S’il n’y a pas d’intergénération, il n’y a pas de transmission, et s’il n’y a pas de transmission, il n’y a plus de société… On ne peut faire une société à partir d’une page blanche », conclut Serge Guérin.